Possibilites et limitations du paysan danois dans le bas moyen äge
BJ0RN POULSEN
„Communaute economique territoriale“ – ainsi l’historien allemand Rudolf Häpke definit en 1928 sa notion du „paysage economique“ („die ökonomische Landschaft“).1 Dans ce qui suit, nous allans voir si le Danemark du bas moyen age peut etre divise en di erents „paysages economiques“ . Comme les paysans constituaient alors la plus grande partie de la population danoise, nous sommes naturellement amenes nous demander comment etaient les conditions de vie de la classe des paysans dans ces „paysages economiques“ eventuels. y aurait il au Danemark du bas moyen age des regions marquees par une economie paysanne particulierement fermee? Et y aurait-il par Opposition des regions avec des paysans plus libres et plus independants, impregnes par „l’esprit de 1 ‚entrepreneur“ ?
UNE ETUDE REGIONALE: LE SLESVIG
Mon point de depart sera l’examen d’une region dans le sud du Slesvig, jusqu’en 1864 une partie du duche danois le Slesvig, maintenant une partie de
la Republique federale d’Allemagne, le Schleswig-Holstein.2
La region examinee s’etend de !’Angel l’est aux alluvions marecageuses l’ouest et contient deux villes: Flensbourg et Husum.
Si l’on considere la distribution des terres nobles dans cette region, on constate que la partie est etait fortement dominee par celles-ci. Avec le grand mon tere cistercien, le monastere de Ryde, les terres nobles formaient ici en e et un reseau coherent. Dans presque chaque paroisse se trouvait un manoir principal; dans certaines paroisses meme plusieurs. Dans cette region, les proprietaires seculiers et les ecclesiastiques detenaient une position tres forte.
1 Häpke, Rudolf: „Die ökonomische Landschaft und die Gruppenstadt der ält en Wirt schaftsges ichte.“ Aus Sozial- und Wirts aftsgeschichte. Gedächtnisschrift f r Georg von Below. Stuttgart 1928, p. 82-104.
2 L’expose suivant se base sur Poulsen, Bj : LAND-B Y-MARKED: To ; onomis e land s aber i 1 00-tal/ets Slesvig. Flensborg 1988. (Deuts e Zus e nfassung (p. 217-22): ‚Land-Stadt-Markt. Zwei ökonomische Landschaften Schleswig des 15. Jahrhunderts‘].
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Ils jouissaient de droits juridictionnels etendus, habitaient souvent de grands manoirs forti es et avaient leurs propres champs, separes de la communaute de village. A l’est, les paysans etaient des tenanciers attaches aux manoirs. A l’ouest, c’etait tout di erent. La, il y avait des paysans libres et des tenanciers lies directement avec le souverain.
Si l’on considere l’etendue des exploitations paysannes, la meme di erence se fait voir entre l’est et l’ouest. Dans la region ayant une forte concentration de manoirs, les tenances etaient peu di erenciees. Iei, „la ferme normale“ danoise, relative eut grande, predominait. Parmi les paysans libres de la cöte ouest, par contre, une di erenciation, une formation de classes, s’etait solide eut etablie. La, il y avait un nombre limite de paysans tres riches vis-a-vis d’une grande
majorite de paysans pauvres. C’est uniquement dans les registres fiscaux de cette partie de la region que nous recontrons l’indication – „totum pauper“ – („totalement pauvre“).
Une analyse de la production agricole nous montre qu’a la fois la partie est et la partie ouest de la region examinee produisaient un surplus agricole considerable. Comment ce surplus etait-il apporte au marche?
Premierement, etant donne que !es citadins et les institutions ecclesiasti ques disposaient de terres relativement etendues a la Campagne, une partie de la production agricole etait transferee aUX villes SOUS forme de redevances. Cependant, la plupart des exploitations paysannes livraient leur surplus a un proprietaire demeurant a la Campagne, OU bien ils vendaient leurs produits aux marches en ville.
Dans la partie est de la region examinee, en Angel, les citadins de Flens bourg possedaient manifeste eut le monopole commercial. Les paysans d’ici n’etaient qu’indirectement en contact avec le marche plus vaste. A l’ouest, par contre, les paysans se developpaient en marchands acti . Les sources nous don nent l’impression que presque chaque paysan le long de la cöte ouest possedait un navue.
Un Iivre de comptes conserve intact, ecrit par un paysan aux environs de 1510, nous donne une bonne impression du rapport entre le bene ce commercial et l’accroissement des grandes fermes dans cette region.3 Iei, le paysan Walke Widdesen a soigneusement note toutes ses acquisitions de terre. Par exem ple fut achetee une ferme voisine qu’avait deja hypotequee son grand-pere, le premier proprietaire n’ayant pas les moyens de payer les interets. Apparem ment, la ferme etait fortement hypothequee, et plusieurs creanciers devaient etre desinteresses.
3 Kreisarchiv, Nord iesland, Schloß H , Stadtarchiv H . Re gsbu W e Widdesen. D 2/H 1318a.
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Une revue generale des allocations de credit des citadins aux districts ru raux de la region examinee nous montre que c’etait dans les regions a l’ouest que ce phenomene etait repandu. Cette concentration de credit est liee unique ment au commerce de paysans et a la monetarisation qui se developpait en connexion avec ce dernier.
Qui etaient alors les preneurs de cet excedent de la production sur la consommation? Les denrees etaient-elles debitees au marche local ou au plus grand marche europeen?
Dans la region examinee se trouvaient quatre localites qu’on peut quali er de lieux centraux: les bourgs de Bredsted et de Svavsted et les villes de Husum et de Flensbourg. Ici, il y avait des artisans specialises. Ils travaillaient pour !es citadins et les environs les plus proches, et c’etait a 1’interieur de ces limites qu’ils vendaient leurs produits.
Pourtant, Ia production agricole trouvait seulement des preneurs dans deux des lieux centraux. Les deux bonrgs de Bredsted et de Svavsted etaient sans importance comme marches. Par contre, Husum et Flensbourg doivent etre qualifiees de grands centres commerciaux, meme en les comparant aux autres villes danoises. A Husum et a Flensbourg, il existait un groupe stable de commer�ants qui faisaient le commerce de Ia production agricole des paysans et de Ia noblesse . Ces commer�ants etaient en e et si entreprenants qu’ils ne se contentaient pas du tout de negocier Ia production creee dans leurs environs.
La grande route commerciale par terre etait le soi-disant „chemin des touches“ qui liait le nord au sud. Il s’agissait d’un reseau de ehe ins qui allait du nord du Jutland au Holstein, en debouchant ici dans les grandes routes commerciales allemandes.4
Les marchanJises les plus importantes de Ia route apparaissent deja töt dans les sources; lu nord, du betail etait mene vers le sud, du sud venaient surtout des produits de l’industrie artisanale. Cette voie de transit s’etablit apparemment dans la deuxieme moitie du XIVe siede, et Flensbourg entra töt dans le cor:,11.trce. Nous savons par exemple qu’en 1373, deux citadins de la ville de Wismar en Allemagne du Nord acheterent 43 vaches et deux chevaux
4 Voir Becker-Christensen, Henrik: H rvejen i S nderjyllo.nd. Aabenraa 1981. Enemark, Poul: Studier i to ldregnsko.bsmo.terio.le i begyndelsen af 1 6. rh.un drede. Med s rlig en blik pa dansk okseeksport. I-II. Aarhus 1971 [Deutsche Zusamme assung (t. II, p. 9-47): ‚Studien über Zollredmungsunterlagen des 1 6 . Jahrhunderts ‚] . !dem: „Oksehandelens storie ca. 1300-1700.“ Tin! a part de Sortbrogtt k g – baggrund og udvikling i Danmark. Viby 1983. Wiese, Heinz – Bölts, Johann: Rinderhandel und Rinderhaltung im nordwesteu ropäischen Küstengebiet vom 15. bis zum 19. Jahrhundert (Quellen und Forschungen zur Agrarg esch.ich.te, XIV) Stuttgart 1966.
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a Flensbourg.5 Au mli ieu du XVe siede, le commerce des boeufs prit un essor enorme. Ce commerce etait etroitement rattache aux marches des deux villes du Jutland: Ribe et Kolding. La peuvent etre demontres des achats assez considerables par des commer�ants de Flensbourg. Mais egalement des marches danois plus eloignes venaient en question pour !es citadins de Flensbourg. On achetait des boeufs dans !es villes de Ia Fionie: Odense et Assens. Les citadins de Flensbourg menaient !es animaux vers le sud en passant par le bureau de douane de Gottorf pres de Ia ville de Slesvig. En 1485, ils acquitterent les droits de douane mis sur 2670 boeufs a la douane de Gottorf. L’ecoulement s’etendait dans deux sens principaux: une route menait au marche du Nord de l’Europe en p sant par Hambourg et Stade. Du sud, les commer�ants de Flensbourg
importaient des draps, du houblon et des marchandises de balle (entre autres des articles en ferJ des eto es et des epices).
Tandis que ce commerce du nord au sud etait de Ia plus haute importance pour Ia prosperite de Flensbourg, il jouait un role beaucoup moins important pour les citadins de Husum. Leurs achats de betail dans le royaume de Dane mark etaient peu importants, leur commerce des boeufs etant presque exclu sivement base sur Ia production locale. Vers Je sud, ils menaient seulement de petites touches de boeufs; ainsi, en 1485, ils acquitterent seulement !es droits de douane mis sur 485 boeufs a Gottorf. Les richesses incontestables de Husum ne venaient pas, comme celles de Ia ville voisine de Flensbourg, du commerce par terre.
Mais comment en etait-il avec le commerce maritime? Il peut etre claire ment dementre que Flensbourg transportait de grandes quantites de ble par Ia voie de mer. Le ble etait principalement achete au marche local dans Je sud du Jutland, mais aussi dans le sud de Ia Fionie. En echange, cette region recevait de Flensbourg des marchandises de transit comme Je sei, le houblon et Je fer. Un autre port de commerce ou l’on acquerait du ble etait Danzig. D’ici, les commer�ants de Flensbourg se procuraient aussi du bois, du goudron, de Ia poix et de Ia potasse. Pour equilibrer le commerce avec Danzig, !es com mer�ants de Flensbourg utilisaient surtout des produits de viande. Par rapport aux villes hanseatiques Lübeck et Wismar , Flensbourg se presentait comme Ia ville recevant Ia biere, le houblon, le sei etc. Le ble etait egalement Iivre aux deux villes hanseatiques, mais il est evident que la quantite de ble achetee par !es commer�ants de Flensbourg dep sait de beaucoup leurs propres besoins et !es exportations pour I’Allemagne du Nord.
Au cours du XVe siede, les citadins de Husum etablirent un commerce maritime tres etendu avec plusieurs ports au bord de Ia mer du Nord.
5 Diplom t ri m D nic m (ed. Det Danske Sprog og Litteraturse kab) III,9, no. 313. 78
Le commerce de Husum avec ces villes maritimes plus au sud suivait un schema bien defini: les commer ants de Husum vendaient partout des produits agricoles et importaient des produits ouvres. De Hambourg et de Bremen ve naient de grandes quantites de biere; des Pays-Bas, on acquerait un grand as sortiment de marchandises, entre autres des draps, du vin, des cloches d’eglise, des meules de moulin et aussi des harengs sales. Les commer ants de Husum livraient avant tout du ble; en outre, la viande, la peau et le suif constituaient des marchandiscs importantes d’exportation.
Les livres de compte de la douane de Husum des annees 1496-1506 sont conserves.6 Ils montrent que, dans des proportions assez fortes, les exportations de Ia ville etaient fondees sur des exportations de l’est. Au XVe siecle, il existait de toute evidence des transports suivis de l’est a l’ouest via Husum. Les marchandises etaient transportees par terre de Flensbourg a Husum, a travers du duche de Slesvig. Des commer ants aussi bien des villes sur la mer du Nord que de celles sur Ia mer Baltique etaient actifs dans ces transports.
Le transit est-ouest par cette voie comprenait avant tout des produits agricoles, tandis que les marchandises de luxe de l’ouest etaient transportees en sens inverse. Nous trouvons ici une voie importante pour atteindre les marches danois et baltiques. Particulierement en temps de crise, celle-ci pouvait prendre une grande importance.7 Cette voie de transit explique egale eut ce que devenait le ble achete par les commer nts de Flensbourg: il etait embarque a Husum et transporte par Ia voie de mer aux ports plus au sud sur Ia mer du Nord.
En resume, Ia region examinee peut etre divisee en deux „paysages econo miques“ , ceux-ci etant constitues des deux lieux centraux eleves, Flensbourg et Husum, et de leurs environs respectifs.
Si nous considerons la base vitale de ces „paysages economiques“ , tout le systeme economi ue du Nord de l’Europe est mis au jour.
Dan“lebasmoyenage,lesystemeeuropeenetaitenchangement. L’Europe sedivisaitdeplusenplusendi erenteszoneseconomiques. LeJutlanddevenait exportateur de boeufs, l’exportation de ble de l’Est de l’Europe augmentait. Aux Pays-Bas et en Allemagne surgissait „une industrie manufacturiere“ , qui expediai „�� :oduits vers le nord. Dans ce nouveau systeme commercial,
6 Concernant ces livres de co ptes de Ia douane de Husum voir, en plus de l’etude entionnee dans Ia note no. 2, Poulsen, Bj m: „Husum by, Svavsted borg og det nordfrisiske arked i
1504“. Spnderjyske Arbpger 1985, p. 35 3.
7 Concemant le röle de Ia voie de transit au cours de l‘ nee de crise 1472, voir l’etude entionnee dans Ia note no. 2, p. 201-9 et Poulsen, Bj m: „Bonden over for det europ iske arked. Et slesvigsk opr r 1472.“ D s Anders B gh et al. (ed.): Ti/ kamp for jriheden. Sociale opr r t nordisk middtlalder. A borg 19B8, p. 199-214.
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la region examinee tenait une position importante. Les boeufs etaient menes vers le sud a travers la region. Le ble venant des regions sur la mer Baltique etait transporte par Ia voie de transit est-ouest, et !es produits ouvn!s et !es marchandises de luxe parvenaient par la meme voie au nord et a l’est. De la plus grande importance pour l’exportation etait en n Ia propre production du Slesvig.
Les commer ants de Flensbourg et de Husum etaient distributeurs de ce flot de marchandises et de la production agricole du Slesvig meme. Leurs prof its formaient la base des richesses du Slesvig. Ces richesses sont apparentes aussi bien dans la partie ouest que dans la partie est de la region examinee. Cependant, il est egalement manifeste que les rapports variaient entre les en virons et leurs lieux centraux: vers l’est, c’etaient avant tout les domaines qui assuraient la distribution des surplus agricoles qui, dans d’importantes pro portions, etaient revendus par l’intermediaire de Flensbourg. Vers l’ouest, par contre, les paysans eux-memes faisaient fonction de marchands independants sur le marche de Husum.
PossiBILITES ET LIMITATIONS DANS LE BAS MOYEN AGE
L’analyse de la region choisie a montre que, dans le bas moyen age, le Dane mark peut etre divise en plusieurs „paysages economiques“ et que la position du paysan a l’interieur de ceux-ci etait fortement variable.
La condition des paysans dans la partie ouest du Slesvig nous fait com prendre qu’une grande proportion de liberte etait possible. Parmi eux regnait une independance economique avec une economie monetaire bien developpee qui avait fait de Ia terre un article facilement negociable. Ces conditions se refletaient dans un niveau de vie eleve: a considerer les meubles gothiques con serves du duche de Slesvig, on constate que tous les exemplaires proviennent de fermes de l’ouest du Slesvig, et qu’ils sont d’un style nettement urbain.8
Par contre, les paysans de la partie est du Slesvig etaient subordonnes a un systeme de manoirs. Les manoirs principaux des seigneurs qui subsistent encore dans le paysage en temoignent.
Or, cette di erence entre les systemes socio-culturels des deux regions danoises peut-elle s’interpreter d’apres un modele „centre-peripherie “ ? Les paysans l’ouest etaient-ils libres parce qu’ils etaient producteurs pour l’eco nomie moderne et florissante des Pays-B ? L’idee s‘ pose et est conforme aux idees qu’a lancees Immanuel Wallerstein sur l’organisation sociale dans un
8 Vo p. ex. Redlefsen, Ellen: Möbd in Schleswig-Holstein. 2. A age. Heide 1983, p. 21 et s.
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Les eubles encore conserves constituent un des signes des ri esses ez les paysans dans la partie ouest du Slesvig. A oire de style got ique provenant des environs de Hus . Debut XVIe siede (Städtisches Muse , Flensbourg, dessin: R. Mejborg (1892)).
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„World-system“ , avec du travail salarie libre dans les centres et des paysans opprimes a la peripherie.9
Pour examiner ce probleme, il est necessaire d’envisager les parties plus a l’est du Danemark. Il est evident qu’en general, nous avons ici un systeme de tenanciers attaches aux manoirs qui ressemble a celui que nous trouvons dans l’est du Slesvig. En Seeland, par exemple, un systeme repandu de domaines diminuait la surproduction des paysans, et un code urbain severe leur for�ait a commercer dans la ville la plus proche. Habituellement, c’etaient les seigneurs
et les citadins qui etablissaient le contact avec le plus grand marche.
Mais meme en Seeland, qui etait pourtant, dans le royaume de Danemark, la partie la plus dominee par les Seigneurs, peuvent etre demontrees des regions o rant de vastes cadres a l’esprit d’entreprise des paysans.
En 1520, par exemple, un impöt particulier impose aux „paysans riches“ fut leve au Danemark. Les röles de contribution conserves de 45 paroisses dans le nord du Seeland y temoignent d’une grande aisance.10
Si nous descendons jusqu’au sud du Seeland, nous atteignons les iles danoi ses dans la mer Baltique: Moen, Lolland, Falster et Aeroe. D’ici, de nombreux paysans transportaient tous les ans leurs produits par mer aux villes com mer�antes allemandes. Les richesses qui en resultaient se revelent entre autres par le grand nombre de tresors de monnaies du XVe siede trouves dans les cam pagnes de ces regionsY . Les documents ecrits font egalement ressortir qu’une di erenciation extreme se reneentre a l’interieur de la classe des paysans. Un releve de 1505 des biens d’un des paysans, navigant sur l’Allemagne du Nord, nous montre qu’en plus de son navire, il possedait des quantites de monnaies d’or et d’argent ainsi que des draps de Bruges, de Leiden et de Deventer aux Pays-Bas, de Hagen en Westphalen, et d’AngeleterreY Il est indubitable que dans l’est du Danemark se trouvaient egalement des „paysages economiques“ permettant l’activite des „entrepreneurs paysans“ .13
9 W lerstein, anuel: T e Mode World-Sy3ttm. C pit lüt Agriculture n d t e Origins of t t Europt n World Economy in t t Si tunt Ctntury. New York 1974.
1° Knudsen, H.: „Tre Documenter, vedkommende Trygge eller y Herred i Si l land.“ Nye D nske M g zin, t. 6. K b avn 1836, p. 229-35. Nielsen, 0: „De ‚rige B nder‘ i
Nordsj l land i Kristiem den Andens Tid“. D nske M g zin, 5 R kke, t. II, K b enhavn 1880-92, p. 38-52.
11 Voir Poulsen, Bj m: „M nter i den seruniddelalderlige danske agrar konomi. Nogle
bemaerkinger“ . Hikuin 11, 1985, p. 227-36 [Eng sh S : ‚Coins in Late Medieval D sh A arian Economy. Some Comments . ‚ (p. 335-36)].
12 Zangenberg, H: „En lollandsk Gaards Inventar i 1505.“ Loll nd-F lster3 ütori3kt S m fund, A rbog XVI, 1928, p. 36-50.
13 Cf. Kell b , Hermann: „Bäuer che Unte ehmertätigkeit im Bereich der Nord- und 82
Cependant, l’lle de Fehmarn au Slesvig, pres de Lübeck, nous donne peut-etre l’exemple le plus frappant de ceci. Au XIIIe siede, Fehmarn etait entierement marquee par des terres nobles, mais dans le sillage de Ia crise dans le bas moyen äge, Ia noblesse dut ceder toutes ses possessions dans Ia deuxieme moitie du XIVe siede. Les paysans furent proprietaires !ihres directement sous le souverain, et Fehmarn etait maintenant dominee par le capital des citadins de Lübeck. Les livres de comptes de la douane de Lübeck de 1368 nous montrent comment !es bene ces arrivaient a l’i1e.14 De nombreux paysans de Fehmarn, qui etaient egalement patrons de navire, transportaient par mer leur production de ble a Lübeck. Cet arrangement se fait voir aussi dans les siedes suivants. Des registres de faillite conserves de Ia n du XVIe siede demontrent la grande aisance accumulee sur !es grandes fermes qui produisaient pour le marche.15 Un „paysage economique“ , impregne par des paysans dynamiques, avait ici sa place, non loin de Ia region de manoirs dans l’est du Slesvig mentionnee au debut, et a cöte de Ia region de „Gutswirtschaft“ dans l’est du Holstein.
La position occupee par les paysans au Danemark dans le bas moyen äge n’etait pas determinee par la geographie et !es conditions du marche, par Ia position par rapport aux centres economiques. La base d’une paysannerie di erenciee et entreprenante etait, bien entendu, une agriculture en excedent et l’existence d’un marche.16 Mais le jeu combine du roi/des souverains, des seigneurs et de la dasse des paysans eux-memes pouvait aboutir a des struc tures toutes di erentes. C’etait dans ce jeu meme que le paysan trouvait ses possibilites et ses limitations.
Ostsee vo Hochmittelalter bis z Ausgang der neueren Zeit.“ Viert j rsc rijt für Sozi l und Wirtsch. :•sgesch.ich.te, 49, 1962, p. 1-40. Les relations entre villes et ca pagnes sont un proble e particulier en relation avec la disjonction de di erents ‚paysages econo ques‘. Elles ne sont que peu eludiees au Danemark. Voir pourtant is, Themas: „Les Villes et campagnes au Dane ark (ca. 1350-1800). Storia della citta. Rivista inte zion le di storia urb n e territorriai• 36. Milane 1986, p. 25-36. Le proble e des relations entre Ia ville et la campa e a ete discute a pl ieurs sy posi : ‚Villes et ca pa es au oyen age‘. Les resultats de ceux-ci sont accessibles dans !es rapports ‚Land og by i middel ld eren‘ t. 1 , 2, 3 , 4, 5/6 (1982-88) (peuvent etre co andes chez L. Madsen, Klokkedal 4, Br drup 6100, Haders!ev, D e ark).
14 Le er, Georg: Die Hansischen Pfundzollisten des Ja es 1368. {Quellen nd Darstell n gen Z T h nsischen Geschichte. Ne e Fo lge, X). Lübeck 1935, p. 227 (no. 842-3), p. 298-30 1 . 15 Lühning, Amold: „Bäuerliches Haus- und Wirtschaftsgerät in Fe eraner Taxierungspro tokollen 1600.“ Act Visbyensi . Vüby-symposiet för historisk vetensk per 1965. Die B erngesellsc jt im Ostseera m nd im Norden m 1600. Visby 1966, p. 24G-47.
16 Pour une presentation de on projet en cours, destine a exa ner !es rapports entre le paysandanoiset le arche,voirPoulsen, Bj m: „BauerundM kt120G-1600.“ Mitteil ngen der Gese!lsch ft für Schleswig-Holsteinische Geschichte 28, octobre 1987, p. 16-17.
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MEDIUM AEVUM QUOTIDIANUM NEWSLETTER 15
QUOTIDIANUM SEPTENTRIONALE
ASPECTS OF DAILY LIFE IN MEDIEVAL DENMARK
Edited by
GRETHE JACOBSEN
and
JENS CHR. V. JOHANSEN
KREMS 1988
Herausgeber: Mediwn Aevum Quoti anwn. Gesellschaft zur Erforschung der mat iellen Kultur des Mittelalters. Kömermarkt 13, A-3500 Krems, Österreich. – F den halt ver antwortlich zeichnen die Autoren, ohne deren ausdrückliche Zustimmung jeglicher Nachdruck, auch in Auszügen, nicht gestattet ist. – Druck: HTU-Wirtschaftsbetrieb Ges. m. b. H., Wiedner Haupstraße 8-10, A-1050 Wien.
2
Inhaltsverzeichnis/Contents
Introduction 4
Nanna Damsholt:
The Legen s of Danish Saints as Sources to Daily Life 7 Brian Patrick McGuire:
Daily Life in Danish Medieval Monasteries 14 Ebbe Nyborg:
Kirchliche Kunst und mittelalterliche Wirklichkeit 23 M arianne Jobansen – Ingrid Nielsen:
The Danish MedievalTown …………………………………… 36
Jens E. Olesen:
In der Kanzlei des Königs.
Die Kanzlei im mittelalterlichen Dänemark 43 Jens E. Olesen:
Tolls and Toll Collectors in Medieval Denmark 60
Bj rn Poulsen:
Possibilites et limitations du paysan danois
dans le bas moyen age . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
Helle Reinholdt – Bodil M ller Knudsen:
„Women’s Rosegarden“ and „Women’s Herbgarden“ :
Two Symposia on the Sexuality of Medieval Wa en 84 Biographies of the authors 87 Berichte – Besprechungen – Mitteilungen 92
3
Introduction
The articles in this issue all deal with current research on life in medieval Den mark. Though comprehensive within their respective fields, they represent only a part of the multi-faceted research currently being undertaken in Denmark, in spite of the adverse work and job situation of many younger scholars. Due to a very short deadline for articles, many scholars were unable to comply with our request for a contribution but expressed interest in participating in inter national communication of current research. We hope to bring more articles on research on medieval Danish life at a later date.
In Denmark, no particular stress is laid on the topic: medieval daily life.
Yet, the by now established social and economic history as well as the renewed interest in political history, has made historians focus on daily life and on its material as well mental aspects. The articles by Nanna Damsholt and Brian Patrick McGuire concern the religion and the Church of medieval Denmark and their fusion with secular life.
With the development of the discipline of medieval archaeology, our under
standing of the material pects as well as the physical frames for medieval life has been greatly expanded. In contrast to the finite number of written docu ments, the quantity of archaeological sources keeps increasing, adding valuable information to our knowledge of medieval society. The challenge to historians and archaeologists has been to combine and interpret written, artistic and ma terial sources as Ebbe Nyborg discusses in his article while Marianne Johansen and Ingrid Nielsen present a project combining achaeology and written sources. All three authors are historians as well as archaeologists. In this connection, one might mention the periodical hikuin (published by Forlaget Hikuin, Moesgä.rd, DK-8270 H jberg, Denmark) which began in 1974 and appears at irregular intervals, the latest volume being number 14 (1988). The periodical brings articles on medieval archaeology primarily in Danish but also in Swedish and Norwegian with resumes in English. Special issues have been devoted to church archaeolo , urban archaeology, coins and pottery. We should also like to men tion the research tool Nordic Archaeological Abstract (NAA) which indexes all articles on medieval archaeology (see p. 95).
4
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The Julland peninsular d the Danish islands. The borders of the core of the Medieval kingdom are marked with dotted lines and the modern boundaries with broken lines. The areas in present-day Sweden were the medicval province of Skäne (Scania), Hailand and Blekinge.
The Bellic See
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50 km
Ingrid Nielsen has also produced the map, accompanying the introduction, which shows the medieval as weil as the present boundaries of Denmark. As she and Marianne Jobansen point out in their article, the latter boundary also determines the boundaries of much archaeological and historical research. In part to make up for this, meetings have been held between Danish and Swedish historians and archaeologists (the latter primarily from Skane) dealing with aspects of the town-country relationship. The publications of these meetings are mentioned in the article by Bj�rn Poulsen.
The article by Jens E. Oiesen on tolls and toll collection deals with a topic, hitherto seen as part of political or financial history; but this was, in fact, of great importance to the common people, especially the many men and women engaged in trade or commerce whether on international, inter-regional or l cal Ievel. Similarly, his other article, describing the development of the royal chancellery, re nds us that bureaucracy and bureaucrats, whether viewed neg
atively or positively by contemporaries, are neither modern phenomena nor ones, appearing during Absolutism.
Bj�rn Poulsen’s article makes us aware that medieval people did not live and produce in isolation but were integrated into the European economy, though the extent of involvement and the awareness of international connec tions would vary according to time and place. Poulsen also stresses that town and country, so often seen as mutually exclusive, were both part of the daily life of many medieval women and men.
The contribution by Helle Reinholdt and Bodil M�ller Knudsen points to the gender aspect, so often overlooked in traditional history which has con cerned itself mainly with the action of men. We have chosen not to have an article on „Women and Daily Life“ which would make women merely one in gredient in the daily life of men but have urged the authors to include the gender aspects, making the reader aware that history, whether of daily life or of extraordinary events, is made by women as weil as men.
September 1988 Grethe Jacobsen, Jens Christian V. Jobansen
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